Réalisé pour Culture & Coopération, pôle territoriale de coopération d’entreprises culturel, cet état de l’art a servi de base de réfelxion à un atelier de recherche et création pluridisciplinaire.
Nous avons très vite émis l’hypothèse qu’un travail de recherche sur la rematérialisation de ces contenus pouvait être un moyen de recréer une valeur symbolique et économique dans l’usage de ces contenus. Nous avons testé cela au travers d’un premier projet autour de l’écrit et de la lecture. Un de nos membres, le remue méninge avait émis l’idée d’avoir un outil qui aurait permis de compiler facilement des articles pour produire une revue de presse imprimée.
Le prototype d’outil de presse paramétrique que nous avons développé avec le random lab était une application de mise en page automatisée. Elle permettait à l’utilisateur de sélectionner un ensemble de contenus dynamiques issus de blogs. Une fois cette sélection achévée, il pouvait imprimer un journal avec un copieur numérique A3.
Il se trouve que par la suite, des acteurs qu’on a pu rencontrer au travers d’évènements comme les Guinguettes à manufacture ou d’autres ateliers de lancement, nous ont apporté des questionnements sur ce qui peut toucher à l’accessibilité, notamment sensorielle des contenus culturels. Nous nous sommes fait la réflexion suivante : Cette hypothèse de re matérialisation /transcription matérielle des contenus culturels pourrait donner une forme de solution à des problèmes d’accessibilité sensorielle.
Pour finir ce point de contexte, je dois aussi parler de la façon dont j’ai abordé ce sujet. D’abord avec un peu de circonspection. La question du handicap amène parfois des réflexions un peu trop bien pensante ou parfois carricaturale du handicap. Interrogation que j’ai partagé avec A. Eckenchwiller, designer elle aussi et dont l’état de l’art pour la cité du design avait servit de matière de base pour l’écriture de « A la recherche d’un monde partagé ». (on peut en trouver une version augmentée disponible à la librairie de la cité du design).
>la pauvreté qualitative de l’existant – exception faite de ce qu’on peut trouver à destination des aveugles et malvoyant.
>L’aspect bien pensant de projets, leurs moyens d’existence empêchent une critique construite quand à la qualité des productions.
>Il existe un champs important de travail dans les pratiques de médiation quand à la mise au point d’objets de transferts.
>La mise au point d’un dispositif d’accessibilité au service d’un type de handicap peut se faire au détriment d’autres handicap. Il y a même une configuration paradoxale possible dans l’application littérale des normes d’accessibilité à un contenu : celle de l’anihilation de l’oeuvre par le dispositif.
Pour cause, j’ai décidé d’aborder ce projet dans un principe de mise en perspective de tentatives de rematérialisation et de remédiation de ces contenus avec des problématiques d’accessibilité sensorielle. Plutôt que de considérer des applications par handicap.
Un évènement plutôt malheureux m’a permis d’enviseager de prendre ce biais. Il s’agit du décès du neurologue et Ecrivain Oliver Sacks. Jean Claude Amézen a consacré 3 épisodes de son émission sur fance inter « sur les épaules de Darwin » à la vie et l’oeuvre de cet homme.
A travers les récits d’halucinations, de déficiences neurologiques de Oliver Sacks, c’est ma façon de voire ma pratique des formes qui s’est trouvée changée. L’homme qui voyait par le visage, celui qui découvrait les paysages en écoutant tomber la pluie, … Ce sont des récits de vie et d’adaptation à une condition qui ne sont pas exempts d’une forme de poésie. Ils nous permettent de (re) découvrir l’infini potentiel de nos capacités sensorielles, d’imaginer des interractions, belles, sensibles et signifiantes. Ce sont autant de clefs pour dépasser l’hégémonie du signe visuel et de la communication verbale dans notre façon de concevoir des interfaces, des outils ou des dispositifs de médiation culturelle voir même des oeuvres ou leurs représentations.
C’est dans ce type de situation que le dispositif IRMI permet de transformer des signaux sonnores en signaux visuels sur les zones périphériques d’une paire de lunette. Un travil de recherche en ophtalmologie et en neuroscience met en évidence que les sourds ont une différence de répartition des cellules nerveuses sur la cornée cela leur permet d’avoir une meilleure vision périphérique que les entendants.
Tenir compte des particularité acquise par le sujet, ses compétences, ses acquis culturels, ses usages constituent une attitude nouvelle dans la mise au point de dispositifs de transcription. Elle viendrait supplanter celle plus médicale du « mécano », qui consite dans le remplacement d’une pièce deffectueuse par son double artificiel.
Cette formalisation fait main-basse sur les dimensions d’érotisation d’un contenu par la recherche et sur le plaisir de la découverte, de la trouvaille. C’est ce qu’ont essayé de mettre en oeuvre les bibliothécaire du pays de Vitré pour permettre à leurs usagers de naviguer dans leur fond de livres audios.
Si le dispositif prend en compte l’expérience utilisateur du point de vue du confort, d’une relation individualisée à la fourniture du contenu, son interface demeure principallement visuelle.
Il existe une étude sur les performances cognitives comparée des utilisateurs du livre numérique et du livre papier. D’après l’étude réalisée par Marianne Wolf, neurologue, Il n’y a quasiment aucune différence entre ces différents utilisateurs à deux points prêts. Les lecteurs de livre numérique se souviennent mieux des personnages et des objets, ils ont cependant plus de problème à recomposer l’enchainement chronologique d’un récit. A cela on peut s’interroger sur la pauvreté d’interraction matérielle que propose le livre numérique. Il existe une matérialité du livre papier. par exemple, le changement progressif de poids ainsi que la variation d’épaisseur d’une main à une autre sont autant d’indication non verbales du déroulé du livre.
The sensel morphe est une interface de contrôle qui permet de modéliser la pression d’un objet sur cette surface. Suivant la peau mise en place, ce périphérique peut revêtir différents usages : clavier de saisie alphanumérique, interface musicale, palette graphique,…
Etienne Mineur avec les éditions volumiques propose de changer les modalité de jeux vidéo sur tablette par l’adjonction de contrôleurs en volume. Sous forme de pions magnétiques, les personnages du jeu en volume remplacent les pointeurs à l’écran. Installée dans une crêche l’application DIRTI permet aux enfants de créer des compositions sonores en manipulant du tapioca dans un bac. Manipuler un livre sert d’interface de contrôle à la visualisation d’un contenu sur écran dans les propositions d’avant goût studio et [le suisse.]
Dans une proposition du Disney research laboratory, les personnages vidéo projetés interagissent avec des éléments physiques.
Transform a été mis au point par le Tangible Media Group au MIT. Il s’agit ni plus ni moins d’un écran en relief. L’autre projet du même laboratoire qui me paraît nettement plus pertinent, c’est ce travail sur le cable de lampe qui permet d’ouvrir, fermer et varier la puissance d’un circuit électrique 220, suivant le nouage qu’on effectue sur le câble. (travaillé précédemment de manière symbolique par les frêres Bourroulec dans les années 90).
Lorsqu’IDEO propose cette série de scénario, le groupe britanique s’empare des questions de comportement social du téléphone portable. Objet de communication par excellence, ses fonctions de transfert symbolique sont manifestes. Il vise à matérialiser les conduites sociales rattachées ou acquise dans sa pratique que le téléphone dans sa forme et ses modalités d’usages tend à désincarner. Au début des années 2000, il s’agit d’un pavé à touche avec un petit écran lcd, une calculette à antenne en somme. Il n’aura de cesse de se dématérialiser. Le smartphone d’aujourd’hui ce réduit à un écran, mirroir noir dans lequel, se reflètent (du moins c’est ce qu’on nous vend) l’infinité des possible.
Comment restituer les fonctions d’accentuation du discours habituellement portées par le language corporel ou l’expressivité du visage ? Comment envoyer un message direct à une personne qui parle trop fort dans son appareil ? Comment répondre à des questions quand il n’est pas possible de parler ?
Les téléphones sont devenu des points d’accès énormes aux contenus culturels. Les modalités d’usage en sont principalement visuelles, basées sur des gestures (pinch & drag).Comment incarner et matérialiser les usages de ces contenus pour enrichir nos intéractions.
Partager une expérience culturelle devrait être pensé de manière plus universelle. comment penser et concevoir des accessoires et des aplications qui permette cela.
Le Random Lab dans son oeuvre What’s wind drawing propose au public de dans des éoliennes. Le signal capturé dans leur déplacement est interpretté sous la forme de dessins qui sont ensuite dessiné sur papier par une table traçante. On voit dans cette proposition ainsi que d’autre que la machine joue un rôle central, sinon le rôle principal du dispositif. Si la proposition est par nature polysensorielle et multimodale, elle met en scène une forme de dépassement du réusltat par le processus. Ce qui « sort » de la machine ne s’autonomise pas-la plupart du temps- du dispositif.
Les éditions volumiques proposent un livre objet composé d’un jeu de boîtes ouvertes sur trois faces. Chacun de ces volumes représente la pièce d’une maison. Les unités de lieux ainsi définies permettent à l’utilisateur, en les combinant, d’inventer des histoire. ce n’est pas sans rappeler le travail d’Enzo Mari- avec le jeu des fables, il met au point un dispositif spatial qui fait se rencontrer des animaux des fables de la fontaine. Libre à l’enfant d’inventer des histoires à partir de la situation créée.
Donner prise sur le récit dans des situations de jeux, mobiliser l’utilisateur dans cette fabrique du récit, cela permet de raconter, se raconter à soit et aux autres. Ce qui comme l’explique Oliver Sacks à travers sa production littéraire constitue un des processus les plus puissant de construction des identités. Tant ils apparaîssent essentiel , Comment mettre au point de tels outillages du récit ?
Avant : le rapport à l’oeuvre passe par un processus d’érotisation, aussi bien que par une dimension purement fonctionnelle et informative : où quand, comment accéder au contenu cible. Il apparaît alors intéressant de questionner cette phase en terme d’expérience utilisateur, pour enrichir, rendre plus accueillante cette dernière.
Pendant : l’expérience à proprement parler, quelle intéraction, quelle qualité de montstration, quelle interface en somme propose-t-on au public ?
Après : comment on peut vouloir garder sa trace ? quelles sont les situations, les occasions de socialiser autour de l’expérience ?
Ce qu’il ressort c’est que plus qu’un accès au contenu, une participation au pratiques est ce qui semble le plus opérant. Cette intéraction permet à l’utilisateur de rentrer dans un chemin de construction de son rapport à l’oeuvre nourrit par l’expérience qu’il fait de la pratique de l’artiste.